Jeudi 6 avril, quand le New York Times sollicite la réaction du Pentagone et de la Maison Blanche à la présence de quatre documents frappés du label «top secret» repérés par des analystes du journal dans une boucle Telegram, la réaction fut aussitôt : «Surtout, ne les publiez pas.» Mais enfin, c’est déjà publié, ont en substance rétorqué les journalistes, puisqu’on l’a trouvé sur Internet. «Et cette inquiétude de leur part, justifiée par la peur de voir être révélées des sources et méthodes [d’espionnage], était le premier signe que c’était là des éléments authentiques», explique Helene Cooper, spécialiste des questions de défense au New York Times, qui cosignera le jour même le scoop par lequel la fuite sera rendue publique.
Le lendemain, une centaine de documents supplémentaires se faisaient jour à leur tour, donnant à l’affaire une ampleur rare, sans guère d’équivalent depuis le baroud d’Edward Snowden il y a une décennie, et en cela très préoccupante pour l’administration Biden, bien forcée de reconnaître que si certains avaient à l’évidence connu des altérations, beaucoup étaient authentiques.
L’ensemble compose une publicité très flatteuse pour les performances tout-terrain de l’espionnage américain, et les Etats-Unis peuvent dès lors aussi bien s’inquiéter de ce qu’y